« En 1913, il était présent sur la photo. Accoudé à sa chaise, une large casquette vissée sur sa petite tête, il ignorait qu’il allait bientôt quitter Kiev, son gentil parc et sa balançoire. Le petit Fédor ignorait qu’il lui faudrait bientôt oublier les chevaux de famille, qu’il se ferait cadet de la garde Blanche, qu’il monterait dans un train sans retour. Le gamin de l’époque ne pouvait imaginer dans ses pires cauchemars que ses yeux ne retiendraient qu’une singulière image de fin: celle d’une escouade de Cosaques du Kouban et leurs montures plongeant jusqu’au fond des eaux du port de Novorossiysk. En 1920, il embarquait en désespoir d’une cause désespérée. Il allait jeter sa casquette par-dessus bord, traverser une mer très Noire pour rejoindre une terre pleine d’exil, pour ne laisser après lui que des bribes de bribes de mémoire. » | “In 1913, he was still present in the family photo. Leaning back in his chair, with a large cap on his little head, the small Fedor did not yet know that he would soon leave Kiev, the nice park and the rocking chair, that he would have to forget the horses of the family, that he would become a cadet of the White Guard, that he would ride a train without return. At that time the kid would have not imagined in his worst nightmares that the last image his eyes would retain from his homeland would be that of the squad of Kuban Cossacks and their horses plunging into the depths of the water at the port of Novorossiysk. In 1920 he embarked hopeless, leaving a hopeless cause. He would throw his hat overboard, cross a very black sea, to a land full of exile, leaving behind him only scraps of scraps of memory.” |
Une mer très noire / A very black sea
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1 comentario:
Merci beaucoup. C'est comme l'histoire que j'ai entendu de mon père. Au moment où ma famille est arrivée à Istanbul, pas même le souvenir de qui ils étaient et d'où ils viennent resté.
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